Opposition à l’idée d’une mission foraine de la CNDA à Mayotte conçue par Le Collectif Migrants Mayotte

COLLETIF DES REFUGIES AFRICAINS Mamoudzou, le 28/02/2011

DE MAYOTTE

Chez MISSION CATHOLIQUE DE MAMOUDZOU

Tél. 0639 03 17 62 / 0639 03 00 23 / 0639 036257

E-mail : collectifsdf.asile@yahoo.fr

www.collectif.jimdo.com

A Madame la Présidente de la

COUR NATIONALE DU DROIT D’ASILE

35 rue Cuvier 93558

Montreuil-sous-Bois Cedex

Objet : Opposition à l’idée d’une mission foraine de la CNDA à Mayotte conçue par le

Collectif Migrants Mayotte

Madame la Présidente,

Nous, demandeurs d’asile africains à Mayotte ayant introduit un recours à la CNDA, avons l’honneur de vous adresser la présente en vue d’exprimer notre opposition quant à ce qui concerne l’organisation d’une mission foraine de la CNDA à Mayotte telle que proposé par la lettre du Collectif Migrants Mayotte vous adressée depuis le 03 février courant selon la copie obtenue ce jour sur internet.

Les motifs avancés par ces associations sont dépourvu de tout fondement car d’une part, jamais la Préfecture de Mayotte n’a refusé le laisser passerà un demandeur d’asile ayant reçu la convocation de la CNDA, d’autre part aucun demandeur d’asile convoqué n’a raté le voyage par manque de billet d’avion.

En outre la descente de la CNDA à Mayotte ne ferai qu’accroitre les dépenses de l’Etat vu l’importance des frais à engagés pendant que le même résultat serait obtenu en convoquant les demandeurs d’asile en Métropole.

Nous pensons par contre que l’absence des infrastructures d’accueil genre CADA à Mayotte et le fait que nous n’y avons aucune assistance (Allocation Temporaire d’Attente) ni le droit de travailler devraient inciter ces associations à solliciter que des convocations nous soient adressées dans des meilleurs délais afin de réduire nos manifestations quotidiennes au près des autorités préfectorales de Mayotte car en métropole ces droits sont octroyés sans revendications.

En effet, Madame la Présidente, faute d’assistance de l’Etat ni des associations de la place en terme de logement et d’alimentation, nous vivons depuis le 01 février 2011 à l’extérieur, soit une nuit passée à la Préfecture de Mayotte, celle du 1er au 02 février, et 27 jours déjà dans le jardin et parking de la Mission Catholique de MAMOUDZOU dans des conditions indescriptibles, sous des pluies en cette période cyclonique.

Contrairement aux lois internationales et nationales relatives aux refugiés et demandeurs d’asile en France, nous n’avons aucune assistance en terme d’hébergement et d’alimentation à Mayotte. De surcroit nous n’avons pas le droit de travailler ni d’exercer des petites activités libérales genre la vente à la sauvette pour faire face aux loyers et au financement de notre alimentation et gagner ainsi notre pain à la sueur de notre front.

Nous exercions ces petites activités jusqu’il y à six mois car l’Etat fermait les yeux, ce qui nous permettait de survivre en attendant les décisions de l’Office Français de Protection des refugiés et Apatrides(OFPRA) pour certains ou les convocations à Paris pour les demandeurs ayant introduit leurs recours auprès de la CNDA que vous présidez.

Nous avons mené des démarches sans succès jusqu’alors au près de l’Etat car en tant que demandeurs d’asile en France nous avons droit à l’hébergement et à l’alimentation pendant toute la durée de traitement de nos dossiers OFPRA et CNDA (voir Convention de Genève de 1951 ; Protocole de New York de 1967 ; Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’asile en France et autres textes règlementaires) mais en vain. Seul le droit aux soins de santé nous est reconnu et nous en sommes très reconnaissants.

Chassés des maisons des locations par la population locale faute de paiement, population qui nous a trop supporté d’ailleurs et que nous remerçions vivement, nous avons donc manifesté pacifiquement dans les rues de Mamoudzou le 01 février 2011 et n’ayant plus où dormir nous avons passé la nuit à la Préfecture avec nos femmes et enfants.

Le lendemain vers 10h30, nous avons été délogés par la Police Nationale et ne sachant où aller nous avons campé dans le jardin et parking de l’Église Catholique de Mamoudzou où nous dormons à même le sol jusqu’à ce jour avec les femmes et les enfants sans de quoi les nourrir, dans un camp de refugiés de fortune.

C’est alors que ces associations, sans même nous visiter et nous donner à manger, vous ont écrit à notre insu pour proposer une mission foraine à Mayotte afin de nous maintenir dans la situation de non assistance et de manifestations permanentes.

Nous avons encore manifesté le vendredi 18 février sans réponse favorable de la Préfecture sauf des promesses, or qui vit d’espoir meurt de faim, dit-on.

Nous sommes indignés que les associations formant le Collectif Migrants Mayotte proposent comme solution à notre problème une mission foraine de la CNDA à Mayotte.

Elles ne visent qu’à nous maintenir dans la précarité à Mayotte afin de justifier leur demande de financement qui ne nous profite pas. On croirait que nos manifestations dans les rues de Mamoudzou ainsi que notre état de précarité totale leur étaient bénéfiques.

Elles ne tiennent même pas compte de la haine croissante des certains autochtones à notre égard comme le prouvent les émissions télévisées et radiodiffusées à ce sujet.

Une manifestation est même prévue dans ce cadre pour le 08 mars 2011 par les Mahorais.

En outre ces associations, dites humanitaires, devraient nous assister avec de quoi nourrir les enfants dans le camp de fortune de refugiés avant d’appeler la CNDA.

Dans l’espoir que notre opposition à la mission foraine à Mayotte retiendra votre attention et que le processus de convocation à Paris sera privilégié et accéléré, ce dont nous vous remercions d’avance, nous vous prions d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de notre très haute considération.

Le collectif

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